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Urbanités du 1er décembre: le compte-rendu

Plein feux! Quel éclairage pour nos villes ?

La lumière des villes est un élément essentiel de notre environnement construit. Les villes romandes, à l’image de Lausanne, se dotent de plans lumière pour notre sécurité et notre confort mais aussi pour renforcer leur identité. Quels sont les outils de réflexion et de développement utilisés ? Comment passe-t-on d’un plan lumière au choix d’une technologie adaptée ? L’éclairage public représente une source d’économie. Comment concilier prix et qualité de la lumière ? La LED vous déprime ? Si la lumière est un matériau complexe et fascinant pour un artiste, que représente pour vous, habitants des villes, l’éclairage public ? Enfin, la lumière est aussi source de joie et d’inspiration. Trouve-t-on encore un peu de poésie dans tout cet éclairage ?

Florence Colace expose le point de vue de la ville de Genève. L’importance d’une stratégie globale Plan Lumière pour la ville révèle des enjeux qui consistent non seulement à valoriser le cadre urbain, son image et ses différents usages, mais également à adapter judicieusement la consommation d’énergie tout en conciliant les attentes des citoyens et les demandes des politiciens. Pour ce faire, il s’agit d’établir un cahier des charges à long terme, de développer des méthodologies et de favoriser la pluridisciplinarité. Urbanistes, paysagistes et concepteurs lumière s’attellent donc à élaborer une charte technique et un plan directeur adapté à la morphologie de la ville et à ses spécificités: les éléments emblématiques, les lieux de vie et la mobilité sont autant de critères structurants du Plan Lumière. Sa concrétisation passe par la mise en oeuvre de projets pilotes, mais aussi par l’assainissement de l’éclairage public obsolète et des propositions d’aménagements au quotidien.Pour Florence Colace, le bilan après cinq ans est positif. La communication entre les différents acteurs de la ville et la coordination autour de la thématique de la lumières reste primordiales afin d’apporter des réponses cohérentes.

Isabelle Corten présente le Plan Lumière de Lausanne « Lausanne c’est du gris, du vert et du bleu », dit-elle en préambule. Pour le concrétiser, le travail commence par un diagnostic sur le terrain; comprendre la ville, son histoire, rencontrer les usagers, répertorier les activités nocturnes et les températures de lumière dans les différents quartiers. Le Plan Lumière propose des intentions à l’échelle du territoire, puis s’affine: mettre en évidence les spécificités de Lausanne par la lumière, du macro au micro. Isabelle Corten illustre cette vision à travers des exemples d’application: le Quartier de Montelly, la Cité Boveresses et son skyline, les parcs des rives, les liaisons verticales (ponts, escaliers, passerelles piétonnes, etc.). Elle revient également sur l’importance de la communication, tant entre les divers services de la Ville, qu’entre les planificateurs et le public. La formation au sein même des départements et le développement d’une démarche participative sont autant de clés qui mènent à la réussite d’un Plan Lumière.

Libero Zuppiroli, auteur du livre « Lumières du Futur », aborde un aspect plus technique de l’éclairage public. Il introduit la notion de température de couleur en présentant différentes sources lumineuses: lumière du jour, lumière blanche et lampe à incandescence. Selon lui il n’y a pas de lumière plus belle qu’une autre. La température n’est pas signe de qualité, puisque une même température peut engendrer une lumière plus ou moins bonne. L’indice de rendu des couleurs pour une source blanche permet lui d’identifier la qualité d’une lumière, et le rapport Lumen/ Watt d’en calculer le rendement, la puissance lumineuse par la puissance électrique. Aujourd’hui, la tendance est à la promotion de l’éclairage LED (Light-Emitting Diode), très onéreux et non-subventionné, mais dont la durée de vie élevée séduit. Selon Libero Zuppiroli, cette approche est restrictive car chaque source a ses avantages et l’atout est de savoir en tirer parti en fonction des différentes problématiques d’éclairage. Exemple à l’appui : à Bordeaux au bord de la Garonne, le projet d’éclairage ne propose aucune LED, mais jongle avec les teintes et les filtres légers révélant la spécificités des lieux, progressivement de l’aurore à la nuit.

Pour Daniel Schlaepfer à chaque idée sa lumière. Pour ce faire, il utilise parfois plusieurs sources. Il présente une dizaine de projets, alliant à la fois technologie, interactivité, avec l’environnement, avec l’usager, évoquant une poésie du lieu, révélant une architecture ou un territoire.

Le débat

La notion de pollution lumineuse est abordée, notamment en ce qui concerne l’inconfort que peut générer l’éclairage public chez le privé et inversement, lorsque le privé veut éclairer sans se soucier de son environnement. Il apparaît que la coordination est parfois difficile à mettre en oeuvre lorsqu’il s’agit de prendre en compte des projets déjà existants ou en cours dans le cadre du Plan Lumière. Les technologies qui évoluent rapidement et les politiques sont également de grands facteurs qui influencent la planification de la lumière en ville et son évolution à long terme. L’aspect participatif et interactif des projets est mis en avant, mais Daniel Schlaepfer rappelle qu’il est parfois sur-investi et que tout est dans le dosage.

Diana Brasil, Architecte EPFL