Urbanités du 11.11.13: le compte-rendu
Avenir énergétique à l’horizon 2050: quelles conséquences pour notre société?
Les principaux indicateurs sur les réserves énergétiques mondiales convergent vers une situation de pénurie. Comment sont appréhendées ces grandes questions au niveau mondial et en particulier à l’échelle d’une ville comme Lausanne? Quelles conséquences géopolitiques pour notre société? Comment prévoir et gérer l’approvisionnement en électricité à court terme? Quels sont les instruments pour contrôler, gérer et limiter la consommation? S’achemine-t-on vers une situation de pénurie à l’horizon 2030? 2050?
Le compte-rendu
Dominique Bourg souligne le lien très fort qu’il y a entre l’utilisation de l’énergie et l’évolution de notre monde. Les ressources ne sont pas réparties de manière uniforme et le poids de chaque individu en matière de consommation énergétique non plus. Dans son exposé, il dresse un état des lieux des ressources disponibles en énergies fossiles et en métaux. Le développement des techniques permet de multiplier les possibilités d’exploitation du pétrole, mais avec des coûts, économiques et climatiques, beaucoup plus élevés. Aujourd’hui déjà, un tiers de la consommation ne provient plus de pétrole conventionnel. Pour sortir des énergies fossiles, il est nécessaire de connaître les disponibilités en termes de métaux. Cependant, le constat ne semble pas plus positif. En effet, nous utilisons déjà un grand nombre des métaux; de plus, le recyclage ne constitue pas une alternative suffisante pour répondre à la demande. Dominique Bourg en conclut que l’énergie ne relève pas seulement de la technique, mais constitue le véritable fondement du profil d’une société. Il ajoute que les défis à relever aujourd’hui sont immenses et qu’il est donc nécessaire de changer de paradigme. Il s’agit de prendre du recul sur la manière d'étudier la problématique des ressources énergétique; de l’observer sous un autre angle pour trouver des solutions.
Eric Davalle commence par rappeler les principales missions du service d'électricité de la Ville de Lausanne: la production et la distribution d’électricité et la gestion d’un centre de surveillance. Même si la Suisse est en bonne position comparée à d’autres pays européens, le délai annoncé par le Conseil fédéral pour sortir du nucléaire (2035) semble court puisqu’aujourd’hui 38% de l’électricité consommée en Suisse provient de production nucléaire. Les prévisions pour 2050 sont difficiles à estimer en raison de nombreuses incertitudes au sujet de l’accroissement de la population, la stabilisation de la consommation, le niveau de production atteignable avec les nouvelles énergies renouvelables, le rythme de réalisation de nouvelles productions ou encore la collaboration avec d’autres pays. Eric Davalle explique que 85% de l’électricité consommée à Lausanne est renouvelable. Pour augmenter ce chiffre, la capitale vaudoise a mis en place trois projets qui sont actuellement en cours: l’agrandissement de l’usine hydraulique de Lavey; l’implantation d’éoliennes dans le Jorat; enfin, l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits lausannois. Pour atteindre les objectifs du Conseil fédéral, il semble essentiel aujourd’hui de faciliter la mise en place de ce genre de projets et de rendre les procédures, souvent freinées, plus rapides, conclut Eric Davalle
Le débat fait principalement ressortir deux choses, importantes pour l’avenir énergétique de notre société. Tout d’abord la nécessité d’un discours public fort qui informe clairement des problèmes à affronter et des enjeux à relever pour résoudre les besoins en énergie. Pour assumer et répondre à ces questions qui sont connues depuis longtemps, il faut un courage politique et humain. Une parole directrice semble également nécessaire pour que la population comprenne l’urgence des enjeux. Eric Davalle souligne d’ailleurs l’importance de penser à long terme et de ne pas seulement réfléchir à des solutions à court terme. Pour Dominique Bourg, enfin, c’est en mettant de côté nos certitudes et en laissant la place à l’expérimentation que l’on développera de nouvelles solutions. Le second aspect mis en avant concerne les changements en matière de comportements individuels. Face à certains modes de fonctionnement ou «mauvaises habitudes» - on ne se pose pas de question puisqu’on agit par mimétisme – il est essentiel que chacun réalise la portée de son comportement pour limiter son impact sur l’environnement.
Alix Martin, étudiante en architecture à l’EPFL